Dégradation de l’environnement

dégradation de l'environnement

Notre association a choisi, parmi ses objectifs, de soutenir l’éducation à la paix et la préservation de l’environnement. Les activités de soutien prennent des formes différentes : rencontres à travers les conférences sur la culture, communication et diffusion des activités sur le site web.

Cet article veut rendre hommage à tout le peuple Touareg dont l’histoire reste encore trop peu connue et l’existence presque ignorée.

Les conditions de vie des Touaregs depuis des décennies sont de plus en plus critiques. Les rébellions armées et les combats avec l’armée déterminent une situation de peur et d’insécurité pendant que des meurtres tragiques et fréquents en bouleversent l’existence même.

La richesse passée a été détruite par une colonisation violente et les difficultés existantes sont maintenant accentuées à cause d’une globalisation aussi dangereuse.

L’exploitation des ressources du sous-sol, uranium au Niger et pétrole au Mali, empêche l’activité pastorale traditionnelle et détruit les parcours nomades.

Cette exploitation, sans aucun bénéfice pour les Touaregs, représente une menace continuelle pour leur survie. Elle cause une dégradation profonde de l’environnement.

Dégradation de l’environnement pastoral : Top chrono !

La dégradation de l’environnement est un problème majeur dans le monde. Ainsi les centrales d’énergie nucléaire, qui utilisent l’uranium comme combustible contribuent fortement à cette dégradation, notamment au Sahel.

Avant l’utilisation du combustible comme énergie, toute une série d’étapes de transformation de l’uranium, sont mises en place.

Les différentes phases sont : l’extraction du minerai d’uranium, son conditionnement, sa conversion chimique, son enrichissement pour la production de combustible nucléaire.

Comment l’uranium est-il extrait sur les territoires pastoraux du Sahel ?

L’uranium est le plus souvent extrait à partir de mines à ciel ouvert et de galeries (ou tunnels) fermés. Tout d’abord, des roches stériles sont excavées afin d’atteindre le minerai riche en uranium.

Ces roches stériles, contrairement aux roches ordinaires, contiennent des concentrations élevées d’éléments radioactifs. Elles sont entassées et souvent laissées à l’air libre, contribuant à des montagnes de déchets stockées sur place jusqu’à l’épuisement du site.

De façon similaire, les roches qui contiennent de trop faibles concentrations en uranium pour valoir la peine d’être transformé, sont également entassées sur le sol, tout comme la roche stérile.

Ces tas de déchets industriels émettent des quantités dangereuses de radioactivité dans cet environnement généralement connu comme parcours pastoral.

Le minerai une fois excavé, est fracturé et « lessivé » avec des substances chimiques et de l’eau dans une usine de traitement de l’uranium.

Ces usines chimiques sont souvent situées à proximité des mines afin de pouvoir limiter les distances à parcourir pour transporter le minerai brut. SOMAÏR et COMINAK ont leur propre usine de traitement de l’uranium et utilisent l’acide sulfurique comme agent de « lessivage ».

Pendant ce processus, plusieurs autres minéraux (métaux lourds et éléments radioactifs) sont également extraits avec l’uranium et devront plus tard être séparés. Le produit final est communément appelé «yellow cake ».

La boue restante, résidu de l’extraction de l’uranium, est rejetée dans l’environnement (espaces pastoraux) ou mis dans des bassins spéciaux. La majorité des éléments radioactifs de l’uranium demeurent dans cette boue. Ainsi, cette boue répandue sur le sol contient 85% de la radioactivité initiale du minerai.

Les agents chimiques utilisés ainsi que les métaux lourds et les autres polluants comme l’arsenic, sont également abandonnés dans les résidus. Les polluants non radioactifs qui sont libérés pendant le processus d’extraction minière peuvent également avoir des effets graves sur la santé.

Ces industries extractives situées au Sahel créent de grands volumes de déchets et entraînent à la fois la dégradation de l’environnement pastoral et de graves contaminations des personnes habitant ces régions.

L’uranium et ses conséquences sur l’environnement pastoral

Le 1er avril 2021, COMINAK (filiale d’ORANO, ex-AREVA) fermait la mine d’uranium d’Arlit, qu’ils exploitaient depuis plus de 40 ans.

En 2018, Amina Weira, réalisatrice de documentaire,  interviewée pour la sortie de son film La Colère dans le vent, et une association ayant participé au projet du film affirmaient :

Si Areva s’en va aujourd’hui, le seul héritage qui  restera, ce sont ces déchets radioactifs. Il faut prévoir cet « après-mine » maintenant. Il faut se préparer à ça.

On ne peut évoquer le désastre environnemental et économique d’Arlit en faisant l’impasse sur le devenir du peuple touareg, bien qu’il soit passé sous silence.

Suite à cette fermeture, on peut estimer que la situation des touaregs, risque d’aller en se dégradant et confirmer l’invisibilité de cette communauté.

Pollution des nappes phréatiques, élimination des puits pastoraux, bouleversement de la gestion pastorale, disparition de la faune, spoliation de terres et destruction des aires de pâturages sont les héritages laissés par l’industrie extractiviste en toute connaissance de cause.

On pense que les dommages et les « remises en état du sol » vont s’étirer sur une période d’au moins 10 ans… Mais en attendant, qu’adviendra-t-il du peuple touareg et de son environnement dégradé ?

Arlit, un no man’s land touareg avec ses cités radioactives

Au Sahel, l’implantation d’entreprises internationales d’extraction du minerai d’uranium a modifié en profondeur et pour une longue période, les conditions d’existence du pastoralisme nomade.

Arlit, est une création ex-nihilo, qui s’est développé en une grande ville minière qui compte aujourd’hui plus de 100 000 personnes. Les habitants sont pour la plupart du temps des miniers d’origine nomade, main d’œuvre et fournisseurs locaux sous-payés.

La cité minière ne profite nullement à une population qui s’est fortement paupérisée

La commission d’information et de recherche indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a réalisé de nombreuses analyses attestant de la présence de gaz radioactifs dans l’air, l’eau et l’alimentation dans la cité ouvrière d’Arlit.

Ces gaz radioactifs ont imprégné toutes les strates de la vie d’Arlit.  On les retrouve dans l’eau, les matériaux et ustensiles divers, les ferrailles vendues sur les marchés, et dans les résidus utilisés pour la construction des maisons.

Ils sont aussi répandus dans la constructions des pistes, des routes, même dans les vêtements de plomb des miniers sensés arrêter les radiations. Les conséquences en sont dramatiques !

Les cas de cancers (poumons, reins) et infections respiratoires chez les mineurs dus à la radioactivité ont explosé tous les records.

Une négligence discriminatoire qui interpelle mais reste sans écho

Les sociétés d’extraction n’ont informé les populations régionales que tardivement sur les dangers de vivre et travailler à proximité des sites miniers. Seuls ont été de pris en charge en matière de santé, les 600 employés expatriés.

Les sous-traitants locaux ayant travaillé dans la mine dans les mêmes conditions que les expatriés, n’ont pas bénéficié des mêmes conditions de prise en charge sanitaires.

Ce sont en majorité des populations locales qui ont ainsi subi une ségrégation, ils constituent pourtant le pourcentage le plus important des travailleurs sur les sites miniers .

Chronique d’un désert annoncé : la plaine de l’Irhazer

L’exploitation d’uranium a nécessité de grandes superficies, les acteurs miniers se sont accaparés, de vastes kilomètres du territoire pastoral où circulent essentiellement les pasteurs nomades touaregs.

Depuis des millénaires les populations nomades circulaient dans l’immense plaine de l’Irhazer où elles faisaient pâturer leurs animaux le long des parcours éparpillés de points d’eau.

Il s’agissait d’éleveurs touaregs, et peulhs et plus tardivement de tribus arabes Kounta qui se déplaçaient dans cette espace où ils trouvaient et géraient traditionnellement les ressources nécessaires à l’économie pastorale.

Les puits et les sources qui captent l’aquifère des grès d’Agadez servaient de points d’abreuvement pour les troupeaux. Pour les animaux de l’ensemble du pays, cette région est très importante.

Chaque année, après l’hivernage, les troupeaux de toute la région et des pays environnant font des milliers de kilomètres, depuis le sud, pour venir paître l’herbe nouvelle et boire l’eau chargée de natron.

C’est un régime alimentaire tout à fait bénéfique pour la santé des animaux et pour leur engraissement. Ce moment annuel d’échanges culturels et de fêtes dure deux à trois mois et rassemble les 2/3 du cheptel du Sahel : cet évènement est connu sous le nom de « cure salée ».

Les contraintes du milieu et la gestion des aquifères

L’aquifère des grès d’Agadez, seule ressource en eau de la région, est fossile. Depuis l’installation des multinationales françaises et étrangères, le réservoir se vide inexorablement. La ressource en eau est de plus en plus fortement sollicitée par l’octroi multiple de concessions minières.

Jusqu’alors, la ville d’Agadez n’utilisait les eaux fossiles qu’en dernière extrémité. Mais avec l’accroissement démographique et surtout à cause du changement climatique, la ressource renouvelable est devenue insuffisante.

Depuis 2006, la ville a été contrainte de déplacer son approvisionnement en eau de 35 km vers l’Ouest et de puiser 8000 m3 par jour dans l’aquifère des grés d’Agadez.

Malheureusement, cette région regorge d’uranium c’est ainsi que se sont déployés les projets miniers. Le pompage excessif de la ressource minière (charbon et uranium) s’accompagne désormais de celui de la ressource en eau au détriment du développement local pastoral.

Les sociétés COMINAK et SOMAÏR respectivement dans les villes d’Akokan et d’Arlit ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère, à raison de 22 000 m3 /j depuis 38 ans.

Une inquiétude bien réelle quant à l’avenir de cette zone

Pourtant, depuis longtemps il y avait lieu de s’inquiéter de l’avenir de la région. Dans une région où l’eau est rare, il aurait été plus convenable de l’économiser pour les générations futures.

Par ailleurs, les eaux dites potables sont contaminées par les nitrates résultants des tirs de mine qui utilisent la nitroglycérine et le nitrate d’ammonium comme explosif.

On constate aussi que par mesure d’économie, certaines eaux usées des égouts sont directement utilisées pour l’irrigation des champs faisant de la typhoïde, une maladie endémique dans la région.

Ainsi donc avec un prélèvement actuel de 25 millions m3 d’eau par an, on peut s’attendre au dénoyage complet de la partie ouest de l’aquifère. Les points constitutifs du réseau d’abreuvement du bétail pastoral puits et sources (cure salée) sont quasiment asséchés et les éleveurs privés d’eau. Le tarissement général va priver les villages de tout approvisionnement en eau.

On découvre que plus à l’ouest et vers le sud, des dépôts importants de chlorure de sodium du Jurassique risquent de se déverser dans la nappe d’eau. Toutefois ces compagnies minières ne s’inquiètent pas de cette catastrophe annoncée pour les populations locales. De toute manière les gisements d’uranium vont bientôt s’épuiser et la région ne présentera plus d’intérêt pour elles et leurs actionnaires.

Leur départ coïncidera avec la fin définitive de l’économie pastorale dans cette région:

Les conséquences des industries extractives sur l’environnement

D’après des rapports d’enquête des associations Sherpa et Criirad sur les sites d’Areva, des prélèvements des échantillons de sols ont révélé la présence d’uranium et d’autres matières radioactives.

Ceux effectués à proximité de la Somaïr exploitée par AREVA comportaient des niveaux environ 100 fois supérieurs à ceux habituellement présents dans la région, supérieurs au seuil maximal international autorisé.

Face à ce désastre environnemental, la population touarègue sera soit contrainte de revenir sur des terres polluées et inexploitables ou de se déplacer ailleurs au risque d’occasionner des tensions territoriales et communautaires.

Pourtant la sécurisation du foncier pastoral, a été présentée dans le code rural du Niger comme primordiale pour la cohésion sociale et la gestion durable des ressources naturelles.

En prenant en considération le contexte, ces dynamiques d’appropriation privée de l’espace pastoral vont disperser davantage les populations touarègues ou amplifier leur sédentarisation, tout en les privant de leur territoire d’attache.

Abandonnés dans la poussière : l’héritage radioactif d’AREVA

Sur quatre des cinq échantillons d’eau prélevés par l’ONG Greenpeace dans la région d’Arlit, la concentration en uranium était supérieure à la limite recommandée par l’OMS pour l’eau potable.

Les données indiquent une augmentation progressive de la concentration en uranium au cours des 20 dernières années. Ce qui peut être révélateur de l’impact des opérations minières. Certains échantillons d’eau contenaient même du gaz radioactif dissous, le radon.

Une mesure effectuée à Akokan a révélé une concentration en radon dans l’air de trois à sept fois supérieure aux niveaux habituellement relevés dans cette zone.

Des particules de poussière fines ont révélé une augmentation de la concentration de la radioactivité deux à trois fois supérieure. Les niveaux supérieurs d’uranium et de produits de décomposition décelés dans les petites particules qui se diffusent facilement sous forme de poussière indiquent des risques supérieurs d’inhalation ou d’ingestion.

La concentration en uranium et autres matériaux radioactifs relevés dans un échantillon du sol, prélevé à proximité de la mine souterraine, était environ 100 fois supérieure aux niveaux normalement mesurés dans la région, dépassant les limites  fixées au niveau international.

Dans les rues d’Akokan, le niveau des taux de radiation est environ 500 fois supérieur aux niveaux normaux de fond. Une personne passant moins d’une heure par jour dans cet endroit serait donc exposée à une radiation supérieure au taux maximal annuel autorisé.

Les habitants d’Arlit et d’Akokan continuent à vivre entourés d’un air empoisonné, de terres contaminées et d’eau polluée. Jour après jour, ils sont ainsi exposés aux radiations, à la maladie et à la pauvreté.

Les enquêtes du CRIIRAD et de SHERPA, ont révélé un taux de radioactivité très dangereux (100 fois supérieur au taux autorisé par l’OMS). Elles ont permis de dénoncer un désastre sur la santé des personnes et l’environnement.

On constate aussi, hélas l’irradiation de puits d’eau potable, l’épuisement et l’assèchement de la nappe fossile. Par ailleurs, la destruction des espaces forestiers, l’anéantissement et la fuite de la faune sauvage  autour d’Arlit, ont des conséquences incalculables.

Le danger est d’autant plus inquiétant que les futures zones de prospection et d’exploitation se multiplient de façon exponentielle.