IDENTITÉ NOMADE & PASTORALISME
L’identité nomade dans les sociétés pastorales, et dans la société Peule notamment, contribue a un certain nombre de fonctions sociales importantes.
Les fonctions politiques et sociales du bétail sont plus fortes dans les sociétés nomades que les fonctions économiques. La production pastorale est orientée vers la satisfaction des besoins de subsistance et de contraintes sociales.
Finalité du pastoralisme : l'identité nomade
Généralement, la finalité de la production pastorale en milieu nomade, n’est donc pas la vente, mais de façon récurrente, pour se procurer de la liquidité, les ventes sont pratiquées.
Dans la société peule, ce sont surtout les bovins, qui sont le support de ces fonctions sociales : prestige, identité, statut social. Il y a dans l’élevage pastoral traditionnellement une fonction identitaire solide. La propriété et les échanges d’animaux fondent les rapports de parenté. Famille et troupeau forment en milieu pastoral une véritable symbiose.
Fonction sociale du troupeau
Le barke na’i et le savoir culturel sur le lait
Les pasteurs peuls élèvent les vaches pour les bienfaits qu’elles apportent, le barke na ‘i, c’est-à-dire le lait et ses dérivés mais jamais la viande ; ils sont donc spécialisés dans l’élevage laitier.
Les savoir-faire sur le lait et les produits laitiers représentent des patrimoines culturels pour tous les Peuls pasteurs ; ils participent à leur identité et à la place des femmes dans leur société.
Le lait et la transmission patrimoniale
Le lait et la vache qui le produit ont été reçus comme une «offrande divine» dans des conditions souvent difficiles. Il est donc important de transmettre aux générations futures le produit issu de la vache et les savoirs autour de ce produit relève de la préservation d’un patrimoine.
Or l’ouverture de marchés (avec les laits industriels) et la sédentarisation accélèrent les changements des habitudes alimentaires.
Le lait est donné par la vache mais il est aussi transformé, valorisé par les savoirs féminins. Les savoirs et savoir-faire culinaires, médicamenteux et esthétiques sont à préserver et transmettre.
Ils revêtent un caractère patrimonial qui intègre les pâturages, la vache et le lait en reflétant ainsi l’organisation sociale des tâches et des savoirs entre les hommes et les femmes.
Le finaa-tawa, ndonu et le tawaangal
Pour les Peuls, une différence de conception patrimoniale existe entre ce qui concerne la vache et qui est hérité, donné (par les ancêtres) et qui est représenté comme intangible. C’est le ndonu ; les produits laitiers supposent une transformation du lait qui met en œuvre des savoir-faire culturels développés par chaque groupe.
Ces savoirs sont hérités en ligne maternelle de femme à femme et constituent un ensemble de finaa-tawaa pour le groupe. Pour les Peuls ndonu et finaa-tawaa forment le tawaangal : tradition, façon de faire ancestrale.
Toutes ces notions proches sont propres au groupe peul.
Le but fondamental du pasteur est d’exploiter au mieux son troupeau en tenant compte de sa valeur marchande et sociale.
Le troupeau lui fournit d’abord une grande partie de son alimentation sous forme surtout de lait, ensuite, un certain surplus destiné à la vente. Le troupeau est également une réserve dans laquelle le chef de famille puise pour constituer les troupeaux de ses enfants (dot et héritage), ainsi que pour pallier certaines difficultés accidentelles (sécheresse, épidémie, besoins monétaires urgents).
La mobilité un fait culturel propre à l'identité nomade
La stratégie du pasteur est donc d’obtenir un cheptel de taille suffisante pour lui permettre de répondre à tous ces besoins.
L’optimisation du troupeau n’est limitée a priori que par la main-d’œuvre libre et les possibilités du milieu en pâturages et abreuvement.
La mobilité concourt également à diminuer les risques ; elle est encore, dans les conditions actuelles, le meilleur moyen d’utiliser l’espace.
La mobilité est le signe le plus évident des facultés d’adaptation du système pastoral. Mais elle est plus qu’une technique : elle peut être assimilée à un véritable fait culturel.
Bétail et relations sociales
En plus de ces traits essentiels, il est important de comprendre que pour le Peul, l’élevage a de la valeur non seulement en tant que moyen de production, mais surtout, en tant que moyen privilégié d’assurer la circulation du bétail à l’intérieur du groupe familial, et entre les familles elles-mêmes.
Le bétail, médiateur des relations sociales, est le facteur capital de la constitution du tissu social, et sa circulation (par prêt, don, dot, héritage) est la condition nécessaire à la perpétuation de la société.
Chez les Peul, la valeur sociale du troupeau l’emporte sur la valeur économique