Milieu naturel sahélien

milieu naturel sahélien

Espaces arides et milieu naturel sahélien

Le milieu naturel sahélien ou zone aride couvre le nord du Sénégal, le sud de la Mauritanie, le centre du Mali, le Nord du Burkina Faso, le centre du Niger, le nord du Nigeria, le centre du Tchad et du Soudan. Les précipitations annuelles moyennes dans cette zone varient entre 250 et 500 millimètres. Les températures dans cette zone, sont relativement élevées, elles peuvent atteindre 45°C.

La steppe sahélienne est une formation herbeuse mêlée de plantes ligneuses parmi lesquelles prédominent les épineux. C’est une zone de pastoralisme par excellence où de grands groupes de pasteurs, tels que les Peuls, Daza, Zaghawa, Beja, Afar, Somali, Touaregs, possèdent de grands troupeaux et parcourent des longues distances.

De nos jours, les éleveurs sahéliens constatent qu’ils vivent dans un monde qui change et qui continue de changer à un rythme qui s’accélère de plus en plus. Le milieu naturel sahélien s’appauvrit du fait des sécheresses répétitives et de la pression sur les ressources naturelles qu’exercent les autres acteurs.

L’appauvrissement du milieu naturel sahélien et des ressources naturelles

Des causes naturelles et des facteurs anthropiques ont contribué à l’appauvrissement du milieu naturel et à l’avancée du désert. Parmi eux, la hausse des températures, la baisse de la pluviométrie, les feux incontrôlés, l’exploitation forestière et la coupe abusive des arbres. Le couvert végétal se trouve ainsi exposé aux aléas climatiques et finit par disparaître.

On peut y ajouter les effets du surpâturage autour des forages et dans certaines zones de concentration, ou l’utilisation de produits nocifs dans les champs comme les herbicides ou certains fertilisants qui mal utilisés provoquent l’appauvrissement ou la disparition du couvert végétal.

Grands connaisseurs du naturel sahélien, les éleveurs pasteurs traditionnels du Sahel observent de façon unanime un appauvrissement des pâturages et une raréfaction des points d’eau.

Les mutations économiques du pastoralisme et leurs impacts

Depuis les grandes sécheresses des années 1970/1980 l’élevage pastoral en Afrique de l’Ouest s’est déplacé des zones sahéliennes vers les zones soudaniennes. Les méthodes d’élevage se sont transformées, la trajectoire des transhumances s’est réduite, et l’agropastoralisme a remplacé le pastoralisme traditionnel.

L’élevage pastoral traditionnel a ainsi perdu son atout, remplacé par un élevage de type productiviste introduit par des «nouveaux acteurs» qui se sont investis dans ce secteur pour y réaliser des profits financiers.

L’économie de l’élevage pastoral a ainsi progressivement muté avec la montée en puissance de l’élevage marchand. Les éleveurs traditionnels protecteurs de la nature ont été contraints de modifier leurs stratégies de production pour répondre aux exigences d’une monétarisation croissante et s’adapter au marché.

Valeurs pastorales traditionnelles et marché : les liens

Traditionnellement les pasteurs s’adressent uniquement aux marchés pour couvrir leurs dépenses de consommation courante. L’imperfection des informations sur les marchés les incitent à une position prudente, adaptée aux circonstances.

Cela qui explique qu’ils ne sont pas dans une logique de « déstockage » régulier de leurs animaux. Loin de se désintéresser au niveau des prix du marché, les éleveurs opèrent des arbitrages entre leurs nécessites immédiates et leurs besoins anticipés de moyen terme.

Par analogie avec les différentes formes de capital, les divers types de bétail peuvent être assimilés, selon les situations, a de la trésorerie, a une assurance et a un patrimoine, d’où une commercialisation « mesurée » en nombre d’unités vendues comme en décisions temporelles de mises sur le marché.

La finalité de l’élevage pastoral traditionnel n’est pas marchande

La finalité de la production pastorale en milieu nomade, n’est pas la vente, mais de façon séquentielle, pour se procurer de la liquidité, des ventes sont pratiquées.

Les utilités du bétail, leur valeur et leurs modes de circulation dépassent la seule fonction marchande. La commercialisation du bétail est orientée et autolimitée aux besoins courants des éleveurs pasteurs et de leur famille et des nombreuses ressources non monétaires dont dépend leur sécurité.

Chez les éleveurs pasteurs traditionnels, l’analyse de leurs comportements permet de comprendre l’imbrication de la production et de l’échange à travers le politique, le social et le culturel. Le troupeau hérité, géré et valorisé au sein et hors du marché représente le principal pilier de sécurité alimentaire, d’assurance et de reproduction sociale.

La modernisation des sociétés et économies pastorales, n’est pas strictement une affaire d’augmentation de la production marchande. Le recours aux marches met en avant la gestion des ventes comme un facteur stratégique en complément des enjeux de la gestion des ressources naturelles.

La situation actuelle des éleveurs les rend vulnérables et pauvres

Les tendances dominantes actuelles privilégient l’essor d’un élevage marchand de type productiviste, au détriment des éleveurs pasteurs de métier.

Pourtant l’élevage est pratiqué par près de 80% des familles rurales. Parmi ces élevages familiaux, les systèmes pastoraux ayant recours à la transhumance impliquent une très grande part du bétail. Au Niger, par exemple, cette pratique concerne 80% des troupeaux (mais seulement 15% des éleveurs).

Au Sahel, les surfaces cultivées s’étendent à un rythme équivalent à celui de la croissance démographique. Elément clé des systèmes pastoraux traditionnels, la mobilité de l’élevage s’est considérablement réduite au cours de ces dernières décennies.

Pour les anciens pasteurs, ceux qui vivaient traditionnellement de l’élevage extensif, et qui ont été contraint de se sédentariser, de se reconvertir dans un agro-élevage, ou  sont devenus de simples bergers salariés, le niveau de vie  a considérablement baissé.  Parfois leur “cadre” de vie, a été totalement bouleversé pour ceux qui sont venus gonfler les effectifs des bidonvilles périurbains, augmentant leur marginalisation sociale et une forte érosion culturelle.

Pour les nouveaux propriétaires de bétail, surtout commerçants, le bilan est à l’inverse nettement positif: diversification de la production, meilleure sécurité alimentaire, modernisation de l’agriculture (fumure, traction animale}, et surtout, bonne rentabilité de l’investissement bétail.

Globalement, le bilan social se solde donc par une accentuation des déséquilibres entre les nouveaux propriétaires et les anciens petits producteurs (les plus nombreux), qui semblent avoir de plus en plus de difficultés à parvenir à une autosuffisance alimentaire satisfaisante.

La vie dans une société et une économie de bien-être

Les éleveurs pasteurs familiaux ne souhaitent pas que leur élevage devienne un élevage productiviste de type industriel aux mains de sociétés ou de firmes guidées par la seule recherche de la maximisation de leurs profits.

Pour ces éleveurs pasteurs traditionnels c’est  la force de leurs connaissances et les valeurs liées à leur type d’élevage qui a permis, grâce à la mobilité, de s’adapter aux caractéristiques très particulières des zones arides. Ils sont donc attachés à cette tradition et ne veulent pas en perdre la richesse.

Cet élevage est basé sur l’exploitation familiale.  Il est basé sur un mode de production qui doit être à même d’assurer la sécurité, la promotion, une qualité de vie bénéficiant à l’ensemble des membres du groupe. C’est un élevage où l’on ne produit pas «pour vendre», mais «pour vivre».

L’élevage pastoral hérité des ancêtres ne se réduit pas à un but commercial car la logique du marché se préoccupe peu des équilibres écologiques et sociaux, alors que toutes leurs valeurs et leurs connaissances en tiennent compte.

Ils préconisent un élevage rentable, mais respectueux de l’environnement, de l’animal, de l’éleveur et du consommateur. Pour que l’élevage soit durable il faudra qu’il respecte la vie des éleveurs, de l’animal avec lequel ils vivent en symbiose, et des autres bénéficiaires de son savoir-faire, hommes ou nature.

La diversité culturelle du monde est une richesse considérable que l’uniformisation de l’élevage pourrait détruire. Les éleveurs refusent toute uniformisation culturelle.

Ils refusent aussi l’appauvrissement de la biodiversité et le risque de désertification de l’environnement. Accepter que l’élevage traditionnel et pastoral disparaisse, c’est pour eux accepter une uniformisation aux conséquences dévastatrices tant pour l‘environnement naturel que pour la société humaine.