Organisations traditionnelles

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ORGANISATIONS TRADITIONNELLES NOMADES

Les organisations traditionnelles politiques et sociales des éleveurs peuls et touaregs

Éleveurs de bovins par tradition, les peuls ont la particularité d’être dispersés sur une aire qui s’étend du littoral atlantique jusqu’au Tchad et même au Soudan, voire en Éthiopie.

Dans la partie orientale, plusieurs groupes sont nomades ; dans la partie occidentale, ils sont plutôt sédentaires.

Les groupes circulent, nomades ou sédentarisées, avec ou sans leurs troupeaux de vaches dont l’élevage est une pratique ancienne.

Bien que chaque communauté peule possède sa propre spécificité, les peuls revendiquent une identité commune, néanmoins chacune des communautés tend à cultiver sa singularité.

Diversité et unité sont, des termes qui peuvent s’appliquer, tout aussi légitimement l’un que l’autre, à l’ensemble du monde peul.

Diversité des environnements écologiques qui vont du nord Sahel aux abords de la forêt tropicale. De l’histoire aussi, qui a conduit des groupes à s’organiser en communautés, très restreintes ou en vastes Etats.

Les organisations traditionnelles politiques et sociale des peuls

Trois concepts apparaissent comme fondamentaux pour la compréhension de l’organisation politique et sociale peule traditionnelle : ceux de jooro, arDo et laamiiDo.

Lorsqu’un jooro est le seul personnage politique officiel d’une communauté, c’est que celle-ci est récente, isolée ou inscrite dans un ensemble politique relevant d’une autre ethnie (moosi, hausa…).

Un arDo comme seul responsable politique d’un ensemble peul est typique des groupes qui sont le plus purement éleveurs. C’est donc dans la zone nord sahélienne que cette forme d’organisation politique et sociale se rencontre particulièrement.

Le laamiiDo, groupant sous sa responsabilité joorooBe ou arBe, est un chef d’Etat traditionnel. La presque totalité des Etats peuls sont issus des mouvements de réforme islamique (jihad) au début du XIXe siècle et au XVIIIe siècle dans le Fouta-Djalon.

Ces Etats regroupent la majorité de la population peule et couvrent de très vastes régions de la zone soudano-sahélienne.

Le pulaaku ensemble de règles régissant les communautés peules et leur idéal

Anthropologues et linguistes ont tendance interpréter le pulaaku comme un bon comportement. Néanmoins dans le texte peul, pulaaku peut souvent être traduit par communauté peule.

Au Mali le pulaaku fait référence à la communauté des peuls, et la manière dont ils sont tenus de se comporter est signifiée par des termes comme ndimu (noblesse dignité) yaage (honte réticence) et juulde (prier piété).

Chez les populations peuls du Hayre,  ndimu yaage et juulde ne sont pas réservés qu’aux peuls.

Le terme ndimu fait partie d’un mouvement historique dans lequel les peuls du Hayre comme les Touareg habitant le Gourma et le Delta intérieur du Niger ont organisé leur société selon une hiérarchie sociale comparable.

Plusieurs peuples dans cette région ont le même symbole pour indiquer les pouvoirs : le tambour de la guerre, en fulfulde tuubal et en tamachek langue des Touareg etebel.

Les organisations traditionnelles politiques et sociales des touaregs

L’identité est ce qui permet à l’homme et au groupe de se définir, de se reconnaître et d’être reconnu. Le peuple touareg s’est en effet construit autour d’un rapport particulier au territoire auquel il s’identifie, le Sahara.

Leur maîtrise tant politique que culturelle du territoire sur lequel ils se sont historiquement implantés leur assure une stabilité évidente.

C’est donc le territoire et la maîtrise de celui-ci qui a permis aux touaregs de maintenir vivants et relativement cohérents des traditions et un peuple.

Le territoire tout en étant en même temps le ciment de leur civilisation est l’objet aujourd’hui de convoitises internationales pour les richesses minières de son sous-sol.

Le territoire semble donc être fondamental de l’identité touarègue.

Dans cette recherche d’affirmation et de reconnaissance, le territoire joue un rôle fondamental car il permet au groupe d’imprimer sa marque matériellement : dans la terre.

Stratification des tribus ou tawshit historiques

L’histoire des touaregs à travers le Sahara a exigé d’eux, suivant le rapport de forces dans lequel ils se trouvaient, soit une adaptation souple à la situation nouvelle, soit un raidissement, dictés par la nécessité de survivre, vaincre, et si possible, conserver leur autonomie.

C’est ce qui peut expliquer la diversité de certains traits culturels que l’on constate dans les différents groupes touaregs, diversité cachée par une unité réelle qui justifie pleinement que l’on puisse faire référence â un ensemble culturel et linguistique “touareg”.

L’origine de la stratification sociale, homme libres, “nobles”, “vassaux”, “maraboutiques”, dépendants, affranchis et captifs, catégories qui existent en proportions variables selon les groupes politiques considérés, et selon les époques sans doute, soit à rechercher dans l’histoire du peuplement.

Plusieurs vagues migratoires se sont succédées et recouvertes. Les premiers arrivés ont probablement trouvé sur place une population ou des vestiges de population avec laquelle ils se sont mêlés.

Les vagues ultérieures, ont affirmé leur prééminence en imposant leur pouvoir au moyen d’alliances dans lesquelles elles gardaient le leadership. C’est sans doute l’origine des deux grandes catégories sociales imajeghen ou imûhar, et imghad.

Deux autres catégories sociales, pour s’imposer au sein de la société, ont utilisé une autre stratégie : Les artisans (enadan) ont basé leur pouvoir sur la maîtrise du feu, des métaux et (peut-être), de la parole.

Les Inesleman enfin, se sont appuyés sur l’Islam pour se faire une place incontestée dans la société (connaissance du Coran, rôle d’enseignants, rôle magico-religieux, pouvoir économique lié à la perception de la dîme).

Chacune de ces catégories sociales (imajeghen, imghad, enadan, inesleman),  pour son propre compte, au niveau des individus ou à titre collectif au sein des ensembles politiques qui se succèdent au cours de l’histoire, essaie d’accumuler de la main-d’œuvre, avec des statuts variables selon les circonstances et les époques.

Autres désignations concernant les organisations traditionnelles

Le temust désigne techniquement les « parcours d’élection »des communautés nomades, un espace de vie plus ou moins stable.

Alors que le temust désigne spécialement l’idée d’un espace, le tamurt illustre le rapport à cet espace.

Au moyen de ces deux notions (temust et tamurt)  on peut relever les espaces revendiqués et le rapport aux communautés infranationales qu’ils entretiennent.