PASTEURS NOMADES DU SAHEL
Les sociétés et civilisations africaines notamment les pasteurs nomades se sont orientées au cours de leur histoire vers des priorités autres que celle de l’activité économique et technique.
Elles ont pleinement vécu et assumé ce retard, cet arrêt de développement, en élaborant des cultures centrées sur d’autres préoccupations.
Etre pasteurs nomades
L’état pastoral est un état choisi qui relève d’un certain rapport avec la nature. Il est d’abord une conception de l’homme avant d’être une façon de produire.
Etre pasteur ce n’est seulement une affaire de bétail. Par le truchement de ses animaux, le pasteur entretient avec la nature un rapport excluant toute modification de celle-ci ou toute appropriation de l’espace.
Gestion de l’espace
Cette utilisation implique une technologie consommant relativement peu d’énergie. Il s’agit d’ajuster la pression du groupe au potentiel.
II n’est pas utile de stocker au-delà des nécessités de la survie. Les besoins restent stables. L’aire d’exploitation du groupe est très voisine de celle qu’il occupe effectivement mais s’inscrit dans un espace infini.
But des pasteurs peuls
Le but du pasteur nomade Peul est de perpétuer un certain type de rapport avec la brousse par la médiation de la vache. Ses souhaits et besoins tendent à retrouver l’âge d’or de l’époque des arduBe.
Etre pasteur, c’est vouloir ne pas intervenir sur le milieu pour ménager une relation égalitaire de chacun avec la nature. Le troupeau est ainsi médiateur entre l’homme et la brousse.
Mode de vie
Partant de ce fait, on peut définir l’état du pasteur nomade comme celui d’un homme dont le genre de vie est basé sur l’élevage extensif, non interventionniste.
Cela implique pour ainsi dire, de l’autarcie, une mobilité saisonnière ou migratoire et la priorité accordée au troupeau, même si d’autres activités existent comme l’agriculture par exemple.
PASTEURS NOMADES PEULS
Le pasteur nomade évolue donc dans un paysage modifié par lui à son corps défendant ou par d’autres sociétés cohabitantes ou l’ayant précédé sur place. L’énergie investie l’est au service de la perpétuation de l’homme, pas de l’accumulation des biens.
La préoccupation des pasteurs nomades peuls n’est pas l’aliénation de la nature, c’est son animation.
Les Peuls sont des spécialistes en ce qui concerne l’élevage. Les bœufs et les produits de l’élevage sont centraux dans leur vie. Le Peul est nomade, il travaille avec le bétail, il considère le lait comme la meilleure nourriture, essentielle à la santé physique et mentale.
La vocation pastorale des Peuls semble innée et l’élevage est le marqueur de leur identité. Les travaux d ’anthropologues ont insisté sur l’attachement des Peuls aux bovins. Les épopées peules racontent la bravoure des bergers dans une brousse hostile et dangereuse.
Identité et valeurs des pasteurs nomades peuls
A l’identité peule, on associe systématiquement certains traits sociologiques. Ces valeurs sont incluses dans la notion de pulaaku, la fulanité. Comme si, en naissant Peul, on héritait d ’une nature particulière caractérisée par des qualités qui d ’ailleurs confirment en retour l’identité peule.
Le respect de la pulaaku qui est un code du comportement incitant à la maîtrise de soi fonde la fulanité. Se maîtriser c ’est, entre autres, dominer ses besoins physiques.
Organisation de la société peule
Chaque groupe pastoral peul est dirigé par un ardo dont la légitimité du pouvoir repose sur la reconnaissance sociale de ses compétences dans les domaines des sciences des animaux et des pâturages. Il doit maîtriser la qualité et la quantité des pâturages comme la qualité et la valeur de l’eau dans le but d’assurer la bonne corpulence et la reproduction optimale des troupeaux .
Mais si le terme arDo se réfère à l’idée de mouvement, c’est, d’abord par son etymologie même. Le verbe artaade, qui a la même racine, signifie «précéder, marcher en tête». Un arDo est donc celui qui part et qui est suivi : un leader et, plus particulièrement, un leader de migration.
L’autorité pastorale de l’ardo est doublée d’une autorité politique dans la mesure où il est l’interface entre son groupe, les groupes sociaux voisins et l’extérieur. Les Peuls pasteurs rural disposent donc d’une organisation sociale complexe dans laquelle s’encastrent les pratiques pastorales.
Seule la migration reste son apanage, elle est parfois induite ou entravée par l’extension des terres cultivées, l’accroissement démographique et des pressions politiques de divers ordres.