Institutions coutumières et savoirs traditionnels
Les pasteurs ont de solides institutions et savoirs traditionnels qui régulent l’usage des ressources naturelles. Ils assurent la gestion des risques, conservent et protègent ressources et richesses, et règlent les conflits. A travers leur savoir traditionnel, les pasteurs participent à la préservation génétique du cheptel.
Les savoir-faire ruraux ont été longtemps méprisés par la science officielle, et moqués par la technique moderne. Ils étaient considérés même comme la plus importante des causes de dégradation. De nos jours ils sont réhabilités, voire survalorisés.
De plus en plus de scientifiques (et notamment les naturalistes, les écologues et les agronomes) s’ y intéressent. Ils y voient une somme d’informations inédites. , pertinentes et précises sur les milieux et la biodiversité qui les placent sur un plan d’égalité avec les savoirs scientifiques
La Convention sur la Diversité biologique pousse encore un peu plus loin. Pour elle, les pratiques locales sur la nature méritent d’être conservées, valorisées voire répandues.
Selon les textes de la Convention, celles qui « incarnent des modes de vie traditionnels : appartenir à une tradition est considéré comme la garantie d’une certaine ancienneté. Et si les éléments de la biodiversité concernés sont parvenus jusqu’à nous c’est que l’utilisation qui en est faite est nécessairement « durable ».
Réhabilitation des savoirs et savoir-faire
La réhabilitation des savoirs et savoir-faire sur la nature a une double conséquence : leur changement de statut et leur instrumentalisation politique par les communautés locales.
En tant qu’outils d’utilisation durable et de gestion, ils sont de plus en plus souvent considérés à leur tour comme des objets de conservation, parties intégrantes de patrimoines. Il s’agit dès lors surtout de les sauvegarder au même titre que les éléments de la biodiversité qui leur servent de support.
Les discours les plus fréquents insistent en effet sur l’érosion des savoirs face à la mondialisation et le risque de les voir disparaître. En particulier dans les contextes de dégradation de l’environnement, de déforestation ou d’érosion de la biodiversité qui sont actuels.
Ces préoccupations impliquent la mise au point d’instruments institutionnels et juridiques permettant de conserver les connaissances traditionnelles sur la nature. Il est aussi nécessaire de renforcer les liens entre les communautés et leurs pratiques.
Savoirs locaux ou connaissances traditionnelles
Pour le pastoralisme, plusieurs « idées reçues » ont constitué un frein au développement du savoir local. Pendant longtemps, celui-ci a été considéré comme « rétrograde », « statique », et « nuisible » à la modernisation.
Le progrès de la science a créé un préjugé selon lequel toute pratique qui n’a pas été développée dans un laboratoire scientifique ou dans un département de recherche possède une valeur et une qualité moindre.
Cette perception négative du savoir local est alimentée également par la tradition scientifique. Elle a permis le développement de disciplines spécialisées, dans tous les domaines de la vie.
Le point de vue selon lequel seule la science moderne peut résoudre le problème du sous-développement a aussi déprécié le savoir local.
Le savoir local a été très souvent négligé et non pris en compte comme une source d’informations au moment de la prise de décision. Il est resté longtemps confiné dans le domaine privilégié d’étude curieux de connaître la vie des sociétés « indigènes ».
Savoirs locaux et développement
Les savoirs traditionnels occupent désormais une place dans les débats sur les meilleurs moyens d’assurer le développement. Ce qui fait qu’ils servent enfin réellement les intérêts des populations locales.
Les savoirs vernaculaires et la science moderne sont complémentaires l’un de l’autre. Les projets de développement ne peuvent fournir des solutions durables aux problèmes locaux sans l’utilisation du savoir traditionnel.
Dans les régions sahélo-sahariennes, l’importante variation des conditions climatiques, font que les populations locales ont initié des stratégies d’adaptation dans tous les domaines de la vie.
Les éleveurs touaregs et peuls ont acquis, au cours de leurs pratiques traditionnelles, des connaissances sur la gestion des ressources pastorales. Ils savent identifier des pâturages bons ou médiocres, des puits à débits abondants ou faibles, des années bonnes ou mauvaises.
Ils ont aussi développé des stratégies et techniques d’adaptation face aux incertitudes climatiques. La gestion de l’espace pastoral leur permet d’échapper aux crises en cas de mauvaise pluviométrie. La mobilité est le meilleur moyen de recherche des pâturages de bonne qualité dans des environnements souvent arides.
Toutes ces connaissances des pasteurs méritent une attention particulière de la part des agents de développement qui cherchent une solution aux problèmes de gestion de l’espace pastoral, des pâturages, de dégradation des terres, et de lutte contre la désertification.