Territoires et mobilité

territoires et mobilité au Sahel

BIEN-FONDE DE LA MOBILITE POUR L’ECONOMIE PASTORALE

La mobilité se trouve au cœur de la logique pastorale, qui est de faire concorder la variabilité environnementale avec la variabilité du système de production. Le pastoralisme permet une production durable de denrées alimentaires dans des environnements fortement variables.

L’élevage pastoral en plus d’être un mode de production primaire fournit aussi des services, notamment de transport et d’activités complémentaires, à l’agriculture.

Les animaux constituent également un important moyen de transaction, en tant que première source d’échanges, de revenus, d’hypothèque et de dons. Les animaux sont souvent le seul mode connu d’épargne, d’investissement et d’assurance.

La mobilité varie du nomadisme “pur”, aux types plus sédentaires d’agropastoralisme, combinant  élevage mobile et production agricole saisonnière. Elle passe aussi par diverses formes de transhumance dans des couloirs migratoires bien établis et empruntés de façon saisonnière.

La mobilité était autrefois perçue comme une marque d’arriération, comme un frein à l’adoption d’un mode de vie moderne. La plupart des programmes destinés aux éleveurs nomades ou transhumants se fixaient l’objectif de les sédentariser.

Cependant, la mobilité est la condition sine qua non qui permet aux pasteurs de prospérer dans leur milieu de vie. Car c’est elle qui assure la durabilité de l’utilisation des ressources naturelles et l’entretien d’une biodiversité semi-naturelle riche.

Aujourd’hui, la mobilité et les solutions de gouvernance élaborées autour de ce critère doivent être considérées comme un point de départ de tout projet de développement.

Territoires et mobilité : quelle gestion ? En renforçant la viabilité pastorale, cela améliore la gestion du territoire et lutte contre la dégradation des terres et la désertification.

Pour cela il faut laisser aux éleveurs pasteurs le contrôle de leurs ressources, et tirer partie de leurs savoirs techniques et réseaux socio-professionnels.

TERRITOIRES ET MOBILITÉ

Dans le monde entier, y compris en Europe, l’élevage extensif et mobile du bétail, dit “pastoral” met en valeur la végétation naturelle de très vastes territoires.

L’élevage pastoral au Sahel utilise la diversité botanique (des herbes aux arbres), et sa grande variabilité saisonnière (des repousses aux pailles) à travers sa distribution géographique dans les zones arides saharo-sahéliennes.

Des accords sont sans cesse liés entre les pasteurs, pour régir les accès aux points d’eau et aux pâturages.

Dégradation des terres et conflits

Aujourd’hui ces accords sont difficiles. Les espaces pastoraux se dégradent sous les effets conjugués du changement climatique et de pressions anthropiques.

La mobilité des troupeaux est limitée lors des périodes critiques (saison sèche) par l’extension de l’agriculture. Des agriculteurs deviennent éleveurs. La propriété des troupeaux change de mains par opportunisme sans les savoirs faire nécessaires.

Les relations qui permettaient des accords sur le partage des communs pastoraux n’existent plus.

Gérer durablement les territoires

L’élevage pastoral n’est pas seulement une activité économique, il est surtout le fondement de l’organisation des communautés pastorales et de leurs relations avec les autres.

Le pastoralisme est un système de liens sociaux. De nos jours, les transformations profondes que connaissent les régions à tradition pastorale  vont au-delà des petits conflits traditionnels entre éleveurs et agriculteurs.

Le pastoralisme jouait un rôle majeur dans l’économie des régions arides et de leurs voisinages. Il permettait une valorisation et une occupation de très vastes territoires.

Un patrimoine humain en péril

Sa disparition implique la disparition d’une grande partie du patrimoine culturel de l’humanité et des savoirs faire ancestraux car le pastoralisme participait à l’identité des communautés humaines de cette région.

Le pastoralisme est un modèle d’adaptation à la variabilité du milieu et du climat. Les transitions écologiques, démographiques et territoriales qui ont un impact sur ceux qui vivent du pastoralisme doivent être mieux comprises afin de mieux prendre en compte tout son potentiel pour une gestion durable des territoires, leur économie et leur stabilité sociale.

L'espace nomade

L’élevage nomade est fondé sur des types de mobilité et de flexibilité socio-économique complexes, et non sur une errance à la recherche de meilleures conditions de vie. L’espace écologique est celui du dromadaire, animal indissociable du nomadisme touareg. Le cycle alimentaire du dromadaire nécessite une importante variété de pâturages qui détermine un espace écologique.

Un espace écologique et politique

Cet espace écologique recouvrait et recouvre encore en partie l’espace économique du trafic caravanier dont le cycle annuel est indissociable de l’élevage du dromadaire. Cet espace est lié  au terrain de parcours autour du puits et des pâturages dont l’appropriation par un groupe est reconnue. Le territoire nomade recouvre de multiples espaces complémentaires qui obéissent à des logiques écologiques mais aussi politiques.

Le territoire est pour le nomade un espace maîtrisé, dont il connaît toutes les ressources; il est jalonné de repères précis, sites préhistoriques, tombes de saints, lieux de batailles célèbres, puits et mares.

Ce territoire où il a son campement incarne un univers mobile et libre. Le territoire n’est jamais figé et peut à tout moment être déplacé et reconstruit : il représente la liberté de réajustements toujours possibles sous la pression d’événements nouveaux.