Tisserands maabuuBe

tisserands

L’artisanat des tisserands peuls, un des symboles de la Guinée

Le leppi peul, appelé par ailleurs, pagne indigo, est un tissu spécifique de la Guinée Conakry. La Guinée regorge d’immenses potentialités artisanales caractéristiques de chacune de ses zones naturelles. On trouve notamment la sculpture pour la basse Guinée, du tissu indigo (leppi) pour la moyenne Guinée.

L’histoire de l’artisanat guinéen est liée aux arts et métiers et aux traditions des grands empires de l’Afrique de l’Ouest. L’artisanat contribue à la promotion du patrimoine culturel guinéen et africain.

Cet artisanat occupe toujours une place importante en Guinée, principalement dans le secteur du textile et de la teinture. La teinture à l’indigo naturel, toutefois, ne se retrouve plus vraiment que dans le Fouta Djallon, au nord du pays.

Les tisserands ont un univers spirituel particulier

L’esprit des ancêtres est présent dans chaque tisserand, il le dirige, l’inspire et l’instruit sur les techniques de tissage à travers le rêve. Le rêve donne accès au monde mystique des formules magiques. Ce sont des formules secrètes qui ne se transmettent qu’au sein du groupe professionnel où ils constituent, avec le savoir-faire technique, la base du métier.

“Gandal maabuuBe” : le savoir du tisserand

Le terme en pulaar le plus approprié pour définir le métier du tissage, c’est le terme « gandal ». On peut traduire « gandal » par « connaissance » ou « science ». C’est un mot lié au verbe andude, signifiant « savoir » ou avoir une connaissance d’un sujet spécifique.

Le terme apparenté “gandudo” (pluriel, andube) veut dire « savant ».

Ainsi donc, le terme « gandal » fait référence à toutes formes de connaissances spécialisées notamment le savoir et le savoir-faire. Il englobe à la fois l’apprentissage soufi coranique ou religieux (gandal diine) en tant que savoir étranger ou blanc (gandal danewal). Le savoir professionnel ou savoir-faire quant à lui est dit « noir ou autochtone» (gandal balewal), c’est le savoir-faire des « castés ».

« Gandal maabuuBe » une tradition qui implique la maitrise d’un savoir

Le terme « gandal » évoque à la fois le sens de traditions/connaissances et le pouvoir de l’esprit qui peut être utilisé pour témoigner de la maîtrise technique d’un domaine.

Avoir du « gandal » suggère l’expérience pratique qui permet l’application d’une connaissance, d’un savoir. C’est donc l’habileté à mettre en œuvre son expérience et ses compétences acquises dans un art ou un métier quelconque.

Le « gandal maabuuBe » est lié aussi à une philosophie spirituelle

 Le mot « gandal » est lié à une série de compétences et de talents spécifiques faisant appel à des causes spirituelles. Celles-ci sont quelquefois qualifiées de «magiques». Une personne possédant du « gandal » peut provoquer des effets non par la force physique (sembe) ou l’énergie (doole), mais par la puissance inhérente au savoir agissant au travers de sa personne.

L’apprenti tisserand est un initié

Quelqu’un qui est capable d’effectuer une gamme de tâches spécifiques s’appelle un “baawo”, un terme lié au verbe waawde, « pouvoir ». “Baawo”, également le titre de l’initiateur rituel des garçons apprentis, fait référence à une personne qui possède des connaissances (gandal) et pouvoirs liés aux questions spirituelles.

La figure du “baawo”, l’homme compétent, est représenté par la combinaison du savoir et de la capacité d’agir. Il s’agit ici  de la réalisation d’une action humaine relevant de la possession d’une forme de connaissance inspiré du monde invisible.

Etre tisserand est une profession d’initié, réservé à un groupe

Il faut des efforts pour acquérir des traditions et des connaissances, et de la persévérance et du dévouement pour maintenir son efficacité. Le domaine du « gandal maabuuBe » est réservé à des catégories sociales particulières. Si d’autres métiers sont ouverts à tous pour apprendre; il y a des professions qui sont par nature héritées, ou qui demande de l’inspiration, et leur accès passe par des procédures initiatiques.

De nombreux métiers  sont ouverts pour quiconque veut apprendre, si la personne accepte d’être apprentie auprès d’un expert. Cependant, en raison de procédures initiatiques impliquées dans l’apprentissage du métier de tisserand, les pratiques sont limités aux membres de catégories sociales spécifiques.