Uranium et aires pastorales

extraction-de-luranium Uranium et aires pastorales

Les besoins énergétiques de la société occidentale sont de plus en plus élevés. L’énergie nucléaire est l’une des plus importantes sources d’électricité qui existent actuellement. Cependant, la production de celle-ci nécessite un combustible fissile dont l’extraction n’est pas sans conséquence sur l’environnement, et sur la santé humaine. Il s’agit de l’uranium, un métal radioactif naturellement présent dans le sous-sol terrestre. Quel est l’impact de l’extraction de ce minerai sur les aires pastorales et sur la santé des populations ?

L’extraction de l’uranium dans les aires pastorales

La forte augmentation des prix des énergies fossiles ces dernières années et la grande émission de particules à effet de serre que provoque leur utilisation contraignent les États à rechercher une solution plus propre et moins coûteuse. C’est le cas de la France qui a, pendant des années, exploité l’uranium pour la production de son énergie dans les mines d’exploitation françaises. Mais depuis la fermeture de celles-ci, le pays, par le biais de la société AREVA (ex Cogema), importe l’uranium nécessaire pour alimenter ses centrales nucléaires de divers autres pays, dont le Niger.

Présente dans le pays depuis plus de 40 ans, l’entreprise française extrait environ 30 % de son approvisionnement en minerai dans les sous-sols du nord-Niger. Cette partie du pays est essentiellement occupée par les Touaregs et il s’agit d’une zone pastorale par excellence. Ce peuple est installé sur ce vaste espace désertique et semi-désertique saharo-sahélien depuis l’antiquité et y pratique des activités d’élevage.

Cependant, le territoire est aujourd’hui confisqué au profit des entreprises qui exploitent l’uranium. En effet, tous les gisements uranifères importants du Niger, ainsi que les sites d’extraction et les lieux de transformation du métal en yellowcake (concentré d’uranium), sont situés en territoire Touareg. Loin de pouvoir profiter de la richesse de leurs sous-sols, les éleveurs touaregs sont contraints de quitter leurs terres. Ceci, en raison de plusieurs facteurs tels que l’occupation anarchique des terres pastorales par le géant français et le refus de l’accès aux zones de transhumance aux éleveurs. La pollution de l’environnement, la contamination et l’épuisement des ressources en eau de la région et la dégradation du sol sont également des facteurs qui condamnent ce peuple à l’exode.

degradation-de-l-environnement-pastoral-par-les-usines-d-extraction-d-uranium-300x146 Uranium et aires pastoralesL’impact de l’extraction de l’uranium sur les terres pastorales et la santé humaine

L’uranium ne présente aucun danger pour l’environnement tant qu’il est maintenu dans son état naturel. En d’autres termes, tant que ce minerai se trouve en profondeur et qu’il n’est pas extrait du sous-sol, l’environnement et les hommes ne risquent rien. C’est donc l’extraction de ce métal qui a des conséquences catastrophiques non seulement sur les aires pastorales, mais également sur les populations qui vivent à proximité des sites miniers et sur les personnes employées par Areva. Cette activité est en effet à la base de la dégradation des terres et de l’apparition d’un certain nombre de maladies.

La dégradation des terres pastorales

L’exploitation de l’uranium dans la région sahélienne est une activité dangereuse et destructrice. En réalité, l’obtention de ce minerai implique la destruction d’une importante surface de terre. Deux stratégies d’extraction sont souvent utilisées pour extraire l’uranium. Il s’agit de l’exploitation minière à ciel ouvert et de l’exploitation minière souterraine. Elles nécessitent l’enlèvement de la couverture stérile qui se trouve au-dessus du gisement (les couches de terre et les roches de surface qui recouvrent l’uranium).

L’exploitation minière à ciel ouvert est la technique d’extraction qui est utilisée par SOMAÏR (Société des Mines de l’AÏR), une filiale de l’entreprise AREVA. Cette méthode d’extraction est considérée comme particulièrement nocive, car elle détruit la structure du sol et fait disparaître la végétation naturelle de la zone. En effet, cette forme d’extraction débute par la destruction des végétaux présents sur le site. Elle consiste ensuite à faire exploser une grande quantité de terre grâce à des engins lourds tels que les chargeuses de grand gabarit, les bulldozers, etc.

Les déblais souvent laissés à l’air libre à la surface des fosses ainsi que les minerais inexploités en raison de leur faible teneur en uranium sont chargés en éléments toxiques et radioactifs. Ces polluants, connus pour leur durée de vie assez longue, s’infiltrent dans la nappe phréatique et donc dans le sol. Ce qui induit une importante pollution des terres pastorales qui resteront contaminées pendant des dizaines de milliers d’années. Même après la fin des activités minières et l’abandon des sites, aucune végétation ne réapparaît sur ces terres. Cette disparition du couvert végétal entraîne le phénomène de lessivage du sol et par conséquent l’appauvrissement et la dégradation des terres.

Les pathologies causées par l’extraction de l’uranium

Les composés nocifs contenus dans les gisements d’uranium et libérés au cours des travaux d’extraction du métal ne sont pas seulement néfastes pour l’environnement. Ils sont également dangereux pour la santé humaine. La roche stérile et les tas de résidus miniers issus de l’excavation du sous-sol et qui sont laissés à l’air libre émettent des radiations et du gaz radioactif (radon). Lorsque le vent soulève ces derniers, ils se propagent dans l’atmosphère et contaminent l’air. L’exposition des populations aux poussières radioactives et au radon peut causer d’importants dommages à l’ADN, entraînant ainsi des mutations génétiques.

Les malformations des nouveau-nés, les leucémies, les problèmes de fertilité, la diminution de l’espérance de vie et les troubles du système immunitaire, endocrinien et cardiovasculaire sont également liés à l’exposition à la radioactivité. Le radon est un gaz inodore connu pour être hautement cancérigène. Son inhalation en grande quantité entraîne des risques d’apparition du cancer des poumons. La toxicité des polluants peut engendrer d’autres types de pathologie, à savoir : l’hypotension, les troubles rénaux et hépatiques, etc.

La production de l’énergie nucléaire, qualifiée à tort d’énergie propre et écologique, nécessite l’utilisation de l’uranium. L’extraction de ce métal radioactif a des conséquences néfastes sur les terres pastorales des bergers touaregs et sur la santé des populations qui habitent non loin des mines. Cette activité entraîne une dégradation importante du sol et la destruction du couvert végétal de la zone. Elle menace également la santé des populations voisines des sites d’extraction, car elle est à l’origine de certaines maladies comme les cancers, les maladies de sang, les problèmes de reins ou du foie, les troubles du système reproductif et immunitaire.