Le fonctionnement de l’apprentissage chez les tisserands maabuuBe
Les tisserands maabuuBe forment l’une des principales catégories sociales d’artisans traditionnels spécialisés. Ce qu’on attend de l’apprenti tisserand au début de sa carrière, c’est qu’il copie l’œuvre de son maître. Il se trouve que durant cette période, le savoir-faire n’est pas enseigné, il est surtout transmis par mimétisme.
Rapidement après avoir commencé son apprentissage, l’adepte sera amené à tisser sur un métier mis en place pour lui par son maître. La production de tissu est commencée à ce stade précoce.
Il est également demandé à l’apprenti d’effectuer des tâches répétitives telles que le bobinage de la canette, pour son maître ou pour d’autres tisserands de la corporation.
L’équipement et la formation pratique et orale de l’apprenti tisserand
Le fil, le métier à tisser et tout le matériel nécessaire pour la production est fournie à l’apprenti. Le maître conserve ensuite tout le profit généré par la vente du tissu fait par l’apprenti.
L’ordre dans lequel les tâches sont apprises ne correspond pas à l’ordre habituel d’un apprentissage : l’apprenti produit d’abord le produit fini, puis il apprendra par la suite la conception du tissu et la mise en place du métier à tisser.
L’acquisition du savoir et de la technicité de l’apprenti
L’acquisition et la maîtrise de la plupart des techniques de production ne se font pas à travers l’enseignement du maître tisserand. C’est plutôt à travers l’organisation d’un groupe de tisserands que le maître va composer que la technique est appréhendé.
C’est seulement au stade ultérieur de la formation, que l’accent est mis sur la relation entre le maître et l’apprenant, sous une forme verbale.
C’est notamment le cas lors de la pose de les fils de différents coloris et l’enfilage du métier à tisser. A cet instant, la relation maître-apprenti devient primordiale.
Qu’ils soient entièrement formés ou non, les tisserands se prêtent souvent assistance dans les tâches les plus exigeantes.
Les deux phases du métier de tisserand
Deux étapes dans l’apprentissage de tissage sont importants : d’abord la reproduction du tissage par l’observation par l’apprenti. Ensuite une brève formation verbale pendant les étapes préparatoires au montage du métier à tisser.
Chacun de ces étapes privilégient une forme d’apprentissage plutôt qu’une autre : la première s’articule principalement autour de la pratique répétitive ; la seconde apporte au plan verbal l’instruction et l’implantation consciente de connaissances chez l’élève.
Dernière étape de l’apprentissage du métier de tisserand : le gandal maabuuBe
La dernière étape de l’apprentissage du métier, implique l’acquisition du gandal maabuuBe. La tradition du tissage comprend des mythes d’origine sur l’artisanat, un corpus de vers magiques et des incantations pour la protection.
L’enseignement de ces matières est donné dans un contexte hautement didactique, non différent de celui entre un maître coranique et son disciple.
Parallèle entre le tissage et l’apprentissage du coran
Un maître tisserand, ou jarno, est un titre propre au tissage seul ; l’apprenti est appelé jangina, littéralement un « apprenant » dans un sens général. Le mot pour « apprenant » est lié aux mots jangirde ou « école », et jangude, qui signifie« lire », « apprendre à lire » ou « suivre les enseignements d’un maître ». Il y a des parallèles évidents établis entre le processus d’apprentissage et l’enseignement du Coran, d’une part, et ce qui se passe dans un atelier de tissage, de l’autre.
La connaissance spirituelle et individuelle de l’inspiration traditionnelle
De nombreux aspects de leur tradition – tels que les mythes et légendes d’origine – sont transmis de manière relativement accessible et ouverte. Vers puissants, les incantations et les sorts, en revanche, sont considérés comme particulièrement ésotériques et ne se transmettent que lors de moments d’interaction intime entre maître et apprenant.
Les connaissances sont acquises dans les dernières étapes de l’apprentissage non seulement par un enseignement individuel, mais aussi par des moyens du rêve et d’autres formes de contact avec l’esprit.
En effet, pour un maître tisserand, créativité musicale et linguistique en poésie, en chanson et dans la composition de vers et d’incantations, ainsi que des idées de nouveaux tissus dessins ou entrelacs de fils, tout cela vient du monde des esprits.
Les différentes étapes d’apprentissage de tissage
En résumé donc, les étapes d’apprentissage lors d’un tissage l’apprentissage sont les suivants :
Dans un premier temps, le jeune apprenti participe au monde physique de la routine et de la répétition à travers la mimesis pratique. Cette participation cède la place ou est complétée par des formes d’instruction et de méthodes didactiques occasionnelles au fur et à mesure de l’apprentissage.
La troisième et dernière étape, l’apprentissage du gandal, implique des instructions du maître à son apprenti. Cela peut alors se développer en une forme de quête individuelle de savoir-faire à travers les rêves et contact spirituel – quelque chose qui s’apparente à une orientation.