Pulaaku ou l’art d’être peul

pulaaku ou l'art d'être peul

PULAAKU OU L’ART D’ÊTRE PEUL

Les nomades peuls font souvent référence à la pulaaku, un terme qui se compose de la racine ful- et du suffixe -aaku.

Le suffixe -aaku caractérise les noms abstraits désignant un statut social et les qualités ou les comportements qui lui sont rattachés.

Ce terme exprime donc le fait d’être peul. On peut parler de la foulanité  en tant que conscience d’une identité durable unissant les groupes peuls.

La pulaaku, une attitude

Tandis que la notion de liberté est revendiquée en référence au mode de vie transhumant, le comportement de l’individu est constamment contraint par des codes rigides.

Le mode de vie lié à l’élevage et les contraintes climatiques imposent cette exigence quotidienne. Ces deux aspects donnent lieu à une attitude qui permet de dominer les aléas d’un environnement souvent hostile.

A travers la pulaaku, les chercheurs ont découvert une tradition qui relie des groupes divers. L’origine se trouverait dans la vie pastorale, autrefois commune à tous, et dans le lien qui les unissait à leur bétail.  La pulaaku est souvent présentée comme un phénomène socio-culturel. A partir d’une notion diffuse de la nature et de la spécificité des peuls s’est développée l’idée d’une règle sociale.

L’essence même des règles de la pulaaku, ou la valeur qu’il permet de réaliser, c’est l’absence de besoins.

L’absence de besoins, c’est non seulement surmonter ses besoins physiques ou matériels, mais aussi accepter un renoncement social, c’est-à-dire étouffer des ambitions et éviter toute sorte de prépondérance sociale. On n’attend pas de preuves positives d’une adhésion à la communauté.

Ce sont plutôt les égards envers soi-même, envers sa propre valeur qui sont exigés. Cette aptitude réside dans l’absence de besoins, par le renoncement et le contrôle de soi.

Toutefois, cette idée d’exemplarité n’est pas une idée morale. Enfreindre ces règles, ou ces vérités, ce n’est pas dépasser des limites qui seraient fixées de l’extérieur. Le non-respect de ces règles est la preuve d’une faiblesse, vis-à-vis de soi-même

La pulaaku, un idéal de vie

La pulaaku désigne la manière d’être, de penser et de se comporter considérée comme identificatrice et idéale, à laquelle se réfère sans cesse, au moins implicitement, tout Peul. Elle est de nature plus esthétique que morale. Ce qu’on exige, ce n’est pas l’adhésion à l’autre et à la communauté, mais la réalisation d’une forme d’idéal.

Son fondement est une indépendance absolue vis-à-vis de tout ce qui est autre que soi, a pour manifestation la plus courante la maîtrise de soi en toute occasion  car, plus encore qu’une résistance à autrui, cette vertu implique une capacité à dominer ses pulsions, ses affects, et préserver ainsi sa liberté d’individu.

La pulaaku est une manière d’être idéale et distinctive du Peul, elle comprend un ensemble de traits dont le point focal peut se résoudre en la constante affirmation d’une indépendance absolue par rapport à tout ce qui risque d’empiéter sur le libre arbitre de la personne, donc par rapport à toute contrainte, émanant d’autrui ou de soi-même.

L’adhésion à la pulaaku contraint l’éleveur pasteur nomade à manifester à chaque instant de sa vie, de la réflexion, de l’intelligence, de la maîtrise de soi et enfin de la honte.

Le cœur de la pulaaku est représenté par un mélange de pudeur et de réserve, le sentiment de déroger à la pulaaku conduit à une situation de « faute» car, dans le passé, le pulaaku servait de religion.

C’est un code moral qui régit aussi bien la société que l’individu. Un concept culturel qui comporte un élément de cohésion sociale et implique des règles sociales et l’harmonie des relations humaines.