Ame du peul nomade

l'âme du peul nomade

La mission de notre association c’est de promouvoir la culture et les savoirs traditionnels qui sont les garants de l’identité des nomades contribuant ainsi à leur bien être.

Pour comprendre ce que je suis je vous raconte une belle histoire.

Être un peul nomade

Guéladjo Bayo dit Guélaadjo Ham Bodeejo, un roi guerrier Peul mythique, croisa un jour, accompagné d’une troupe montée, un peul nomade.

Ce peul était ceint de trois lanières de cuir, et portait deux javelots et une sorte de lance à fer foliacé, il conduisait un seul taureau.

« Voici, dit Guélaadjo à ses hommes, un peul qui résume les trois états d’âme de notre peuple ».

« Comment s’y prendre pour en connaître les manifestations ? » demande un cavalier.

« Rien de plus facile, » répondit Guélaadjo.

« Que celui qui n’a pas peur de mourir devienne un volontaire pour en faire l’expérience. Il s’agit, dit-il, d’aller tenter de ravir au peul son taureau par la force. »

Un cavalier présomptueux fonça sur le berger.

« Peul à bâton ! Guélaadjo t’ordonne de me remettre ce bœuf pour ses cavaliers ! »

Le Peul dit alors :

« Le taureau n’est pas né pour Guélaadjo, ni acheté par lui. Il est à moi et, à ce titre, il m’appartient. »

« Si tu ne veux pas obtempérer dit le guerrier, voilà ce qui risque d’arriver. »

Et, ce disant, le guerrier se précipite et prend le taureau, mais le peul  court derrière lui. Le cavalier se retourne, se voyant à portée de javelot du berger, il veut parer le coup, mais trop tard. Un premier javelot lui pénètre dans la hanche et, le peul brandit son second javelot en s’écriant : « Prends garde car celle que tu as au reçu n’est qu’un petit avertissement. Mais celle-ci va souder ton corps à la selle et celle-ci à ton cheval. »

Le cavalier, défaillant, épuisé, rejoignit, la troupe de Guélaadjo qui dit alors :

« C’est un des aspects de l’âme peule. Croyez-moi, même si nous sommes nombreux, le peul quand on l’attaque nous charge tant qu’il ne sera pas abattu, mais ne nous laissera pas lui enlever son bœuf de force. »

Guélaadjo, se tournant vers le griot lui dit: « Rejoints le peul nomade, chante les louanges des preux et attends sa réponse. »

Le griot exécute l’ordre. Le Peul nomade tout ému s’écrie: « Prends ce taureau, je te le donne, en compensation de la blessure affligée au messager de Guélaadjo ».

« Étrange, dit le griot, le peul m’a gracieusement offert le bœuf pour l’amour duquel il était prêt à nous massacrer tous »

« Ce geste, répondit Guélaadjo, illustre le second aspect de l’âme peule qui se révèle quand on sait parler ou agir comme il convient »

Guélaadjo poursuit : « retourne vers le peul nomade et propose-lui de l’engager pour mener ton bœuf. »

Hésitant, le griot objecte: « Comment oserai-je lui faire pareil affront ?

Guéladjo répond : « Va et oublie que c’est lui qui t’a donné l’animal. »

Revenu auprès du Peul nomade, le griot lui demanda : « Voudrais-tu conduire mon bœuf au village moyennant un salaire ? »

«  Pourquoi pas ? » lui répond alors le peul.

Stupéfait que tant de courage, de générosité et de servilité se succèdent dans un seul individu, le griot revint auprès de Guélaadjo qui dit :

« C’est ici le troisième aspect de la mentalité peule. Mais elle ne se révèle que dans le besoin. »

Tour à tour paladins, grands seigneurs puis gueux, les Peuls se répartissent en trois grandes catégories n’ayant en commun que le physique et la langue. Il y a les Peuls de la lance, les Peuls du bâton et les Peuls du livre. Il faut entendre par là les bergers, les guerriers et les sages. (El Hadj Sékou Tall, notes personnelles)

Nous représentons les bergers nomades, ceux du bâton. Ces trois aspects ne faisaient qu’un à travers nos anciens rois. Nous devons conserver nos traditions si nous ne voulons pas disparaître, et respecter ce que chacun de nous représente.